Mieux comprendre pour mieux agir!
L’ABC de la persévérance scolaire
La persévérance scolaire, c’est l’affaire de tous!
De nombreuses études ont démontré que plusieurs éléments influencent positivement ou négativement le parcours scolaire du jeune. Le décrochage scolaire n’est pas le résultat d’un coup de tête et ne concerne pas seulement l’école. La société au grand complet peut agir. En connaissant mieux les déterminants de la persévérance scolaire, les conséquences du décrochage scolaire et les avantages de la diplomation, nous pourront mieux agir pour accompagner plus de jeunes et d’adultes en formation vers leur réussite éducative.
Ce texte est issu du Cadre de référence des Instances régionales de concertation sur la persévérance scolaire et la réussite éducative du Québec.
Abandon scolaire
signifie l’interruption définitive ou temporaire des études avant l’obtention d’une reconnaissance des acquis (diplôme, certificat, attestation d’études, etc.) de la part d’une institution d’enseignement. Le terme abandon est utilisé à la fois pour le secondaire, le collégial et l’universitaire.
Décrochage scolaire
est généralement utilisé dans le contexte d’un abandon à l’ordre d’enseignement secondaire. Il signifie l’interruption définitive ou temporaire des études avant l’obtention d’une reconnaissance des acquis (diplôme, certificat, attestation d’études, etc.) émise par une institution d’enseignement.
Persévérance scolaire
introduit au Québec au milieu des années 1950, le concept de persévérance scolaire renvoie à l’idée du « maintien plus ou moins grand, au fil des années, des effectifs scolaires admis dans le système d’éducation ou engagés dans un cycle ou un programme d’études » (Legendre, 2005 : 1023). Il concerne donc l’ensemble des jeunes en formation, peu importe leur niveau d’études. De façon plus opérationnelle, il s’agit de la poursuite d’un programme d’études en vue de l’obtention d’une reconnaissance des acquis (diplôme, certificat, attestation d’études, etc.).
Réussite éducative
Potvin (2010) définit la réussite éducative comme « une visée du développement total ou global des jeunes: soit au niveau physique, intellectuel, affectif, social, moral (spirituel) » (Potvin et Pinard, 2012 : 137). Selon les systèmes ou les acteurs impliqués en éducation, on retrouve divers accents à la réussite éducative, dont la réussite éducative scolaire et la réussite éducative globale.
La réussite éducative « scolaire » met l’accent sur la mission de l’école. L’école québécoise a pour mission, « dans le respect du principe de l’égalité des chances, d’instruire, de socialiser et de qualifier les élèves, tout en les rendant aptes à entreprendre et à réussir un parcours scolaire » (LIP, 2002 : article 36).
La réussite éducative « globale » vise à contribuer à la réussite éducative globale du jeune. Elle « peut inclure l’action de l’école, mais prend en compte le travail des autres instances, de la famille, des médias, du réseau associatif, de la communauté, des clubs sportifs, etc. » (Potvin et Pinard, 2012 : 140).
Divers éléments influencent le parcours scolaire d’un jeune. Ces facteurs se teintent mutuellement; ils peuvent être de nature diverse et exercer une influence sur la totalité ou sur une partie du continuum de développement du jeune. Les déterminants retenus sont ceux qui ont fait l’objet d’une évaluation rigoureuse; ils montrent des effets mesurés plus importants sur le décrochage ou la persévérance scolaire. De plus, ces déterminants ont été priorisés parce qu’ils peuvent être modifiés par des actions de type sociocommunautaire déployées dans le cadre de mobilisations régionales et locales complémentaires aux actions de l’école.
Regroupés en quatre catégories, ils suivent l’enfance et l’adolescence, deux phases importantes du développement du jeune.
Voici les 18 déterminants de la persévérance scolaire et de la réussite éducative :
Facteurs familiaux – enfance et adolescence
- Valorisation de l’éducation et encadrement parental
Facteurs personnels
- Autocontrôle et conduites sociales et comportementales – enfance et adolescence
- Association avec des pairs – adolescence
- Alimentation et activités physiques – enfance et adolescence
- Tabac-alcool-drogues – adolescence
- Conciliation études-travail – adolescence
- Sentiment dépressif – enfance et adolescence
- Estime de soi – enfance et adolescence
- Motivation et engagement – enfance et adolescence
- Aspirations scolaires et professionnelles – adolescence
Facteurs scolaires – enfance et adolescence
- Pratiques de gestion
- Climat scolaire
Facteurs sociaux (communauté) – enfance et adolescence
- Quartier de résidence et voisinage
- Ressources du milieu
Source : Pour agir efficacement sur les déterminants de la persévérance scolaire et de la réussite éducative, Réunir Réussir, 2013.
Pour en savoir plus sur la situation de la région en matière de persévérance et décrochage scolaire, consultez le fascicule Décrochage scolaire, diplomation et qualification au secondaire, niveau de scolarité des adultes. Où en sommes-nous dans Lanaudière? rédigé par Louise Lemire avec la collaboration de Josée Payette, du Service de surveillance, recherche et évaluation de la Direction de la santé publique.
Les chercheurs en psychoéducation Michel Janosz et Marc Le Blanc ont établi en 1997 une typologie des décrocheurs potentiels. La présente typologie compte quatre types de décrocheurs: inadaptés, discrets, désengagés et sous-performants.
Voici les quatre types de potentiels décrocheurs selon Janosz et Leblanc:
Inadaptés
Élèves ayant un profil scolaire et psychosocial fort négatif, où les échecs scolaires et les problèmes de comportement se multiplient. Le faible soutien familial et les nombreuses difficultés qu’ils expérimentent les mènent très souvent vers la trajectoire de la délinquance. On remarque chez ces jeunes que les difficultés surviennent vers l’âge de 15 ans, au deuxième cycle du secondaire. Ils présentent des comportements d’indifférence, de négativisme, d’absentéisme et font une consommation exagérée d’alcool et de drogues. Correspond à environ 40% des décrocheurs.
Discrets
Élèves démontrant un profil analogue à celui des futurs diplômés. Ils aiment l’école, se sentent engagés dans leur scolarisation et ne présentent aucun problème de comportement apparent. Ils affichent cependant un rendement scolaire un peu faible. Souvent, ces élèves viennent d’un milieu socioéconomique plus favorisé, mais traînent malgré tout des difficultés depuis le primaire ou le début du secondaire. Dans leur cas, un suivi psychopédagogique aura manqué. Correspond également à environ 40% des décrocheurs.
Désengagés
Élèves parvenant à obtenir des résultats scolaires dans la moyenne et n’affichant aucun problème de comportement. Se disent néanmoins très désengagés de leur scolarisation. Correspond à environ 10% des décrocheurs.
Sous-performants
Élèves aux prises avec des problèmes d’apprentissage, se disant très désengagés de leur scolarisation, mais ne présentant aucun problème de comportement. Ces élèves fréquentent l’école pour «faire du temps» en restant à l’affût de la première porte de sortie qui se présentera à eux. Correspond à environ 10% des décrocheurs.
(Source: Parent, Luc. Analyse de l’abandon scolaire dans la région de Lanaudière, CREVALE 2006)
De nombreuses études démontrent que le décrochage a des effets néfastes, tant sur l’individu que sur la société.
Voici quelques faits bien réels concernant les jeunes qui n’obtiennent pas de diplôme ou de qualification :
Au plan personnel
- Santé mentale : Ils sont plus à risque d’isolement social et de dépression, et de développer des problèmes de comportement.
- Compétences personnelles : Ils accuseront souvent un manque de confiance en l’avenir, un manque de motivation, une baisse de leur estime de soi, un sentiment d’amertume envers autrui et un sentiment d’exclusion. Ils auront plus de difficultés à transmettre le goût des études à leurs enfants et, conséquemment, à les encourager à persévérer à l’école.
- Santé physique : Ils verront leur espérance de vie réduite d’entre sept et neuf ans.
Au plan social
- Implication citoyenne : Ils participeront moins à la vie d’une société (moins d’engagements sociaux et politiques). Par exemple, seulement 52 % des décrocheurs exercent leur droit de vote, comparativement à 67 % chez ceux qui ont leur diplôme d’études secondaires.
- Système carcéral : Ils courront jusqu’à trois fois plus de risques de faire partie de la population carcérale au cours de leur vie.
- Legs intergénérationnel : Les jeunes dont les parents ont abandonné l’école seront plus à risque de décrocher à leur tour.
Au plan économique
- Ils vivront avec un revenu annuel moyen de 7 000 dollars inférieur à celui des jeunes ayant obtenu leur diplôme.
- Ils seront deux fois plus à risque de connaître des épisodes de chômage.
Pour la société, les effets du décrochage scolaire sont tout aussi navrants. D’une part, ils hypothèquent considérablement le développement d’une région en rendant plus difficile le recrutement d’une main-d’œuvre qualifiée et compétente pour les entreprises. D’autre part, ils représentent un manque à gagner annuel important, soit 120 000 dollars par décrocheur; ce montant inclut les coûts sociaux associés au décrochage. Une cohorte de décrocheurs coûterait environ 1,9 milliard de dollars à l’État québécois en termes de pertes liées aux taxes, impôts et coûts sociaux!
Source : https://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2016/05/Feuillet-de-sensibilisation_WEB.pdf
La persévérance scolaire permet à un individu :
- D’avoir une meilleure estime de soi;
- D’atteindre les buts qu’il s’est fixés;
- D’avoir envie de relever de nouveaux défis, de se dépasser;
- D’augmenter les chances de s’offrir la vie dont il rêve.
Quant aux avantages de la diplomation, ils sont nombreux. Le simple fait d’avoir au moins un diplôme d’études secondaires augmente les chances :
- D’obtenir des emplois intéressants et bien rémunérés;
- De bénéficier de meilleures conditions de vie;
- De vivre un sentiment de fierté;
- De devenir un citoyen mieux informé et plus impliqué dans sa communauté.
Selon Pierre Fortin, professeur d’économie à l’UQAM, l’obtention d’un diplôme qualifiant (diplôme d’études secondaires ou professionnelles) a un double impact économique, soit une augmentation de 10 % du taux d’emploi et de 15 % du salaire. En somme, l’obtention d’un diplôme qualifiant procure à l’État une plus grande part de revenus fiscaux qui financeront les services publics.
Le CREVALE ne dira donc jamais assez à quel point la diplomation rapporte, tant à l’individu qu’à la société. Et investir maintenant dans ses études est plus facile que de les abandonner pour y revenir plus tard.
Source : https://www.ctreq.qc.ca/wp-content/uploads/2016/05/Feuillet-de-sensibilisation_WEB.pdf
Heureusement, nous pouvons TOUS jouer un rôle pour encourager la persévérance scolaire et la réussite éducative des jeunes et des adultes en formation.
Les jeunes peuvent :
- Accumuler les petites victoires;
- Reconnaître leurs forces;
- Adopter de saines habitudes de vie;
- Demander de l’aide au besoin;
- Rêver leur avenir;
- Reconnaître que leur réussite leur appartient.
Les parents peuvent :
- Donner le goût de lire et d’apprendre à leurs enfants;
- Leur fournir soutien et encadrement;
- Les aider à se projeter dans l’avenir;
- S’engager dans la vie scolaire de leurs enfants;
- Valoriser l’éducation et l’obtention d’un diplôme;
- Favoriser l’autonomie, sans relâcher la supervision parentale.
Les enseignants peuvent :
- Connaître les forces et les défis de leurs élèves;
- Les amener à avoir des buts et leur faire découvrir de nouvelles passions;
- Combler les retards d’apprentissage et dépister les élèves à risque de décrochage;
- Leur démontrer l’utilité des choses apprises;
- Développer la qualité des relations enseignant-élève;
- Travailler avec l’élève et ses parents pour favoriser sa réussite.
Les directions d’école peuvent :
- Connaître les caractéristiques sociodémographiques de leur milieu;
- Rehausser le sentiment d’appartenance des jeunes à l’école;
- Fournir des services spécialisés en fonction des besoins des jeunes;
- Favoriser l’engagement des familles et de la communauté dans la vie scolaire;
- Se montrer ouvertes aux projets favorisant la persévérance scolaire.
Les intervenants communautaires peuvent :
- Encourager les parents à soutenir et à accompagner leurs enfants dans leur parcours scolaire;
- Être à l’écoute des familles et des jeunes, et les référer, s’il y a lieu, aux ressources du milieu qui peuvent les aider;
- Valoriser les parents dans ce qu’ils font de bien pour éduquer leurs enfants;
- Se montrer ouverts ou élaborer des projets de collaboration école-famille-communauté;
- Encourager les jeunes à persévérer à l’école, féliciter leurs efforts et souligner leurs petites et grandes réussites;
- Participer activement aux rencontres des tables de concertation locales en prévention de l’abandon scolaire (comités PAS).
Les élus municipaux peuvent :
- Offrir des activités d’éveil à la lecture et à l’écriture dans la programmation régulière de la bibliothèque municipale;
- Informer les familles sur les enjeux liés au décrochage scolaire et à la diplomation en publiant des chroniques offertes par le CREVALE et disponibles sur le site crevale.org;
- S’afficher comme employeur de choix pour les étudiants en obtenant ou en maintenant la certification OSER-JEUNES;
- Encourager la persévérance scolaire et la réussite éducative des jeunes de leur municipalité en prenant part aux Journées de la persévérance scolaire;
- Participer au comité PAS (Prévention de l’abandon scolaire) de leur MRC pour mieux comprendre la situation et nourrir des partenariats avec les organismes et écoles de leur milieu.
Les employeurs peuvent :
- Accueillir des stagiaires (journée, session, programme de formation axée sur l’emploi, etc.);
- Faciliter la conciliation études-travail de leurs employés étudiants;
- Élaborer un projet entrepreneurial en collaboration avec une école ou un organisme communautaire (p. ex. café étudiant);
- Commanditer des concours d’art, d’écriture, de mathématiques, de lecture, etc.;
- Contribuer aux programmes parascolaires des écoles;
- Organiser des visites de leur entreprise;
- Participer à des journées thématiques, donner des conférences ou faire des témoignages sur les métiers et le monde du travail;
- S’afficher comme employeur de choix pour les étudiants en obtenant ou en maintenant la certification OSER-JEUNES.
Nous pouvons TOUS faire une réelle différence. N’hésitez pas à faire appel à l’équipe du CREVALE pour toute question relative à vos actions en persévérance scolaire et réussite éducative pour qu’ensemble, nous continuions à enregistrer des gains en matière de diplomation et de qualification des jeunes et des adultes en formation dans notre région.